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À l’hiver 2017, j’ai décidé de m’acheter un voilier. Mon premier. Un magnifique Alberg 30 nommé «Caribou D.»

Si j’aimais bien «Caribou», le D et le point obligatoire à la fin me laissaient un peu plus froid…

Caribou D. vous dites?

Un D et un point à la fin. Je devais donc les mentionner dans toutes communications officielles (lire ici via VHF ou toutes communications avec Transports Canada par exemple). Ce qui n’était pas pratique et pas très joli, avouons-le.

Mais dans la réalité, j’ai toujours dit Caribou tout de même et nous étions connus, lui et moi, sous ce même nom. Le capitaine du Caribou, c’était moi. Du moins, pour le peu de gens qui me connaissent!

Mais ça, c’était avant…

Avant que ne survienne un événement fâcheux, qui allait gâcher ma saison de voile 2020. Et je ne parle pas de la COVID-19 qui s’est bien essayée… Mais plutôt d’un bête accident! (Va lire mon billet à ce sujet : Entre Sørel et Berthierville.) Sacrée année cette année 2020 pour moi.

Donc, ce 12 juillet 2020, j’ai eu un accident qui a demandé l’intervention rapide de la Garde-Côtière du Canada. Lors de mon appel d’urgence, j’ai utilisé «Le Caribou» comme identification. Mais j’aurais dû mentionner «Caribou D.». En effet, il y a un bateau qui est immatriculé «Caribou» et qui navigue sur le même plan d’eau que moi et mon voilier. Cela aurait pu porter à confusion si par exemple, j’avais perdu conscience.  Heureusement, l’autre Caribou n’était pas dans le même secteur et je ne me suis jamais évanoui…

Restreint au lit, on a le temps de réfléchir…

Et à réfléchir à toutes sortes de sujets… J’imagine que plusieurs semaines de convalescence (j’en suis à la 10e au moment d’écrire cet article) sans trop être en mesure de bouger favorisent la réflexion?

J’ai commencé par remettre un peu en question mes projets avec mon voilier.  Est-ce que je m’y prends de la bonne façon depuis le début ou si je devais faire autrement? Ou si tout simplement, je ne devais pas tout abandonner. Car après tout, la voile n’est peut-être pas faite pour moi?

Rapidement cependant, mon instinct de «voileux» a repris le dessus.

J’aime être à bord, au large, sentir la force du vent agir sur la grande voile, entendre le bruit de vagues frapper contre la coque… J’aime le silence du large, j’aime naviguer!

J’ai beaucoup travaillé sur ce voilier Alberg 30. Il avait manqué d’amour les dernières années, seul, en cale sèche. Il a été laissé pour contre aux caprices de dame nature. Tellement, que le pauvre ne pouvait même plus naviguer…

J’ai débuté sa restauration à l’été 2018.  Je voulais lui redonner ses «lettres de noblesse» comme on dit. Après l’inspection d’un évaluateur, je me retrouvais avec beaucoup de travaux importants à effectuer. Notamment au niveau de la structure. Mais de ça, je t’en parle dans un prochain article.

Sommes-nous victimes d’un mauvais sort?

Dans ma réflexion, je réalisais que Caribou D. ce n’était pas mon choix. Je prenais par défaut, pour ainsi dire, la personnalité de celui qui avait choisi ce nom. Même si je trouvais cela original, ce n’était pas moi qui avais «baptisé» ce bateau. Le Caribou c’est mon bateau! Mais est-ce que je dois «embrasser» tout son passé? Ses bonnes et ses moins bonnes aventures? Son sentiment d’abandon? Et si lui comme moi, nous étions victimes d’un mauvais sort?

Euh…. ok… et comment conjurer le sort?

En le rebaptisant?

Facebook à la rescousse

Dans un premier temps, j’ai pensé faire appel à mes amis et à ma communauté Facebook. Ayant près de 5000 amis dans ma liste, j’aurais assurément quelques bonnes idées qui m’orienteraient certainement!

Plusieurs ont participé. J’en profite d’ailleurs pour vous remercier!

J’ai eu des suggestions de toutes sortes. Parfois farfelues pour me taquiner, parfois farfelues tout court…

Une visite sur le site web de Transports Canada

J’ai donc appelé Transports Canada afin de demander plus d’information et on m’a gentiment dirigé sur le site web.

J’ai fait quelques recherches sur le site, au cas, afin de changer le nom en «Caribou» tout simplement. Mais comme tu t’en doutes, le nom «Caribou» était bel et bien déjà immatriculé. Honnêtement, si j’avais pu mettre la main dessus, j’aurais été bien heureux.

J’ai donc décidé de remplir les documents demandés. J’explique dans ce post : Comment changer le nøm de søn bateau

Tout en remplissant en ligne le formulaire #13 (tiens tiens… 13)… de demande de changements d’un bâtiment, qui exige trois choix de nom, j’utilise l’outil de recherche de disponibilité de noms de bateaux sur le site web afin de valider mes choix. Et me vient cette idée lumineuse de rechercher pour : Le Caribou!

Bingo! Il est disponible!

Faux espoirs… mais vrai bon service!

Par contre, cela est refusé. En effet, les articles devant un nom de bâtiment ne sont pas considérés dans le nom. Or, comme Caribou est déjà enregistré, je ne peux pas utiliser Le Caribou. Les deux autres choix que j’avais fournis étant bidon, je me retrouve donc à la case départ…

Je tiens à remercier ici la spécialiste de Transports Canada qui s’est donné la peine de me rappeler. Se faisant, ma demande a été traitée très rapidement par la suite. Merci beaucoup!

Un nom qui me ressemble?

Je te disais précédemment que j’ai eu plusieurs suggestions. Et l’une d’elles revenait souvent: Viking. Comme il parait que j’emprunte quelques caractéristiques physiques avec cet ancien peuple (à toi de juger avec ma photo de gauche), ça méritait réflexion…

Pas disponible… mais une bonne piste!

Sans grande surprise, Viking n’est pas disponible. Selon l’outil de recherche de Transports Canada, il se retrouve d’ailleurs en plusieurs dizaines de déclinaisons : Viking black, Viking red, Vicking Son, Royal Viking, Viking 1, 2, 3… bref, 75 en tout.

Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. En fouillant un peu sur Google avec le terme Viking, je suis allé voir l’étymologie du mot. J’apprends que le mot Viking est dérivé de l’ancien Norrois Vikingr.

Eh ben eh ben he ben…. Intéressant.

Changer le nom d’un bateau porte malheur…

Selon la superstition et la tradition maritime, on ne doit pas changer le nom d’un bateau pour ne pas s’attirer les foudres de Neptune. Ou alors, si l’on veut le faire, il faut couper le macoui. Le macoui est attaché au nom du bateau, c’est le sillage, le grand serpent qui suit en permanence l’embarcation.

Chaque bateau ne doit n’avoir qu’un seul macoui. Il a déjà le sien du fait de son premier baptême. Lorsqu’on le rebaptise, il y en aura donc un deuxième et chaque macoui voudra devenir le macoui exclusif du bateau… Il faut donc débaptiser le bateau en coupant le macoui attaché à l’ancien nom, avant de lui donner le nom que le propriétaire a choisi. Un bateau ami suivra le bateau rebaptisé. Le propriétaire versera à l’arrière un verre de rhum pour saouler le macoui.

Pendant ce temps, le bateau ami viendra, par trois fois, couper le sillage le plus près possible du tableau arrière.

Le macoui détestant les bruits intensifs, on donnera un grand coup de corne de brume à chaque fois. Et le lien qui unit le macoui au bateau va se détacher. Compliqué ? Pas tant que ça…

Il ne reste plus qu’à rebaptiser le bateau sans oublier de remercier Neptune en lui versant aussi une bonne rasade de breuvage, côté tribord.

VIKINGR, aventurier de la mer

L’étymologie du mot «viking» vient de «vika» qui signifie aventurier en vieux Norrois (ancienne langue scandinave). Le terme «vīkingr» désigne quant à lui les «aventuriers de la mer».

Étymologie de Vikingr selon Wikipedia

Le mot viking est attesté en français au XIXe siècle et désigne, au sens moderne du terme un «guerrier, explorateur originaire de Scandinavie». Son étymologie exacte n’est pas assurée.

Il est mentionné pour la première fois en vieil islandais sous la forme víking (mot féminin) dans l’expression fara í víkingu «partir en rapine, en maraude, en piraterie». De ce mot dérive la forme masculine víkingr (-s, -ar) qui signifie «personne qui pratique la piraterie», donc « pirate ».

Le mot víking apparaît tardivement en vieux norrois, ce qui laisse penser qu’il s’agit d’un emprunt à une autre langue, très certainement au vieil anglais, où le mot wīcing, qui signifie «pirate», est attesté dès le VIIIe siècle (et en vieux frison, sous la forme wī(t)sing). Effectivement, les utilisations connues les plus anciennes proviennent de textes anglo-saxons du VIIIe siècle, avec la mention de divers composés comme uuicingsceadan, uuicingseadae ou saewicingas, tous formés sur -wīcing-. Ils ont pour thème les activités maritimes et notamment la piraterie.

Une étymologie largement répandue mais erronée, en fait un dérivé du norrois vík «anse, crique, bras de mer entre deux îles», ayant aussi la signification originelle d’«endroit où la terre cède» (dérivé du verbe vikja «céder»), d’où, par extension, le sens de «baie», c’est-à-dire «endroit dégagé de la côte qui permet d’accoster» (cf. les toponymes comme Reykjavik en Islande ou les plages de Plainvic et du Vicq en Cotentin, etc.).

Des recherches étymologiques plus récentes, basées sur des travaux déjà existants, ont mis l’accent sur l’existence de la mesure nautique vika («distance parcourue en mer par deux équipes ramant en alternance»), dont le radical vik- se retrouverait dans víking, mais aussi dans le vieil anglais wīcing, le vieux frison wītsing et remonteraient tous à un proto-germanique de l’Ouest *wīkingō («changement de rameur») et *wīkingaR dérivant du premier et signifiant «homme ramant en alternance», ce qui se conçoit à l’époque où les navires circulant dans les mers du Nord étaient des bateaux à rames, tels celui de Nydam. Par la suite, des sens spécifiques se seraient développés dans les langues où ils se sont perpétués : expédition maritime, guerrier-marin, pirate.

Comment prononcer Vikingr?

J’ai fait des petites recherches là-dessus. Sans grand succès. Et j’ai trouvé!

J’ai contacté quelques spécialistes de cette époque qui devraient me revenir avec des suggestions dont un m’a répondu depuis. Il s’agit de Monsieur Christophe Bord, docteur en études scandinaves de l’Université de Paris-IV-Sorbonne, est maître de conférences (études anglaises & scandinaves) à l’Université de Toulouse-II Le Mirail. Il est l’auteur d’ouvrages et d’articles dans le domaine de la linguistique, nordique en particulier, diachronique et synchronique.

Ce Monsieur très qualifié donc, a eu la gentillesse de me répondre.

On prononce le mot VIKINGR : Vikingur.

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Les chroniques du VIKINGR